Ah qu’il a été dur de quitter la Casa de François, surtout qu’on y avait été rejoints par nos petits copains ! Mais le coup d’accélérateur restait d’actualité, et il était temps pour nous de changer de pays. Pour ce faire, on a élaboré un plan diaboliquement simple en 8 étapes :
- faire San Agustin – Pasto en un jour, puis aller à Tuquerres pour voir la lagune émeraude,
- aller le lendemain à Ipiales pour visiter l’église suspendue,
- passer la frontière,
- se rendre compte qu’en fait c’est impossible de faire San Agustin – Pasto en un jour,
- changer de plan,
- faire San Agustin – Mocoa via Pitalito, et aller randonner dans la forêt vers une cascade de ouf,
- aller à Pasto depuis Mocoa, puis à Tuquerres,
- reprendre le plan à la deuxième partie de l’étape 1.
Récit d’un final au pas de course et terriblement spectaculaire !
Mocoa, le bout du monde
Même après cinq mois de voyage, on peut encore se laisser avoir par un simple planisphère : 300 bornes de route entre San Agustin et Pasto, ça ne se fait pas comme ça NON MONSIEUR ! La faute à la route Mocoa-Pasto, dont on reparlera bien vite.
Une étape forcée à Mocoa donc, dans la région du Putumayo, à la lisière de la forêt tropicale amazonienne. On se rend compte qu’on peut y voir la Cascada del Fin del Mundo (on traduit pas cette fois, on vous fait confiance), au milieu de la forêt. Ainsi donc, après avoir traversé en trombe les paysages fantastiques de dense végétation, de monts et de vallons entre Pitalito et Mocoa, on se lance à l’assaut de la cascade. Le raide sentier qui y mène ferme à 12h30 mais rassurez-vous, on rentre encore sans problème à 14h30 ! Souplesse.
En pleine forêt et pour pouvoir profiter des trois cascades avant la nuit, on active le pas dans la pente et nos habits sont bien vite trempés (allez-y en short, c’est ça que ça veut dire !). Les deux premières cascades sont jolies, les eaux claires ceintes par l’indomptable verdure, mais la véritable attraction, c’est la troisième et dernière cascade. Haute de plusieurs dizaines de mètres, elle surplombe l’immensité verte et la ville de Mocoa au loin… Un lieu très impressionnant ! Peut-être pas tant que ça pour les locaux, qui ont pensé qu’on pouvait se passer de la corde de sécurité au bord de la falaise…
En dehors des cascades, un mariposario (ferme à papillons) est à visiter un peu plus loin sur la route qui file vers l’Equateur, et la ville de Mocoa n’a aucun intérêt.
Informations pratiques :
- Dodo : Posada Dantayaco (38 000 COP en chambre double avec sdb privée) mais ambiance glauque, on ne recommande pas !
- Manger : restaurant El Cliente, en face du terminal, almuerzos à 5000 COP
Tuquerres, le lac émeraude
Après Mocoa vient la partie la plus anxiogène du trajet : la route vers Pasto, surnommée le Trampoline de la Mort. Une route vertigineuse, littéralement suspendue au vide, succession d’épingles à flanc de falaise, au milieu d’une forêt ultra-dense. Les pneus crissent sur le gravier, au bord d’un gouffre béant, et par endroits la séparation entre les deux se limite à un cordon jaune fluo façon scène de crime à l’amerloque !
Autant dire que les 130 km vers Pasto se font douuuucement, et qu’à l’arrivée il ne reste plus grand chose de nos ongles… Mais nom d’un pic à glace, qu’est-ce que ça en jette ! Les vues sont proprement ahurissantes, et au loin notre route ressemble à un fil avec lequel on aurait saucissonné la montagne façon gigot d’agneau ! Après Pasto, la route (maintenant goudronnée) continue de serpenter dans les montagnes, cette fois à travers un patchwork de parcelles agricoles, vers Tuquerres, la grande ville la plus haute du pays, à 3050m d’altitude.
Et ça se sent, il fait plutôt frisquet ! Surtout à 6h30 du matin, heure à laquelle on se lance à l’assaut du volcan Azufral sous une densité de nuages inégalée dans le voyage. On aurait eu plus de visibilité dans un bol de soupe de pois cassés ! On avance donc comme dans un couloir le long de la pente douce de 6km qui mène de La Cabaña (3600m) au cratère, qui culmine à 4000m d’altitude. Au mirador, déconfiture : on ne voit strictement rien du tout !
Pleins d’entrain en ces heures avancées de la matinée, on descend les 700m de pente raide jusqu’à la lagune, et peu à peu les couleurs s’affichent. Au fond du cratère, d’imposantes mines de soufre et leurs cristaux jaunes se mêlent aux eaux bleues pour former une large étendue vert Stabilo !
Et plus on y reste, plus les nuages se lèvent ! Ce qui nous permet de faire un demi-tour du lac, de prendre quelques photos et de suivre un caracara caronculé le long des berges…
Le retour sous un ciel bien plus haut est très agréable, puisqu’on peut enfin voir les paysages montagneux alentour.
Et au final malgré le froid, on se trouvera bien dans notre hôtel, où on restera une après-midi de plus au lieu de foncer à Ipiales !
Informations pratiques :
- Dodo : Hotel Inti Ande, 30 000 COP en chambre double, sdb privée
- Manger : comedor Lider, au bas de l’hôtel, almuerzos et cenas à 5000 COP
- Sortie volcan Azufral : réserver un taxi pour faire l’aller-retour à La Cabaña, 40 000 COP négociable à 35 000 COP même quand on est pas bon en négociation ! 🙂
Ipiales, la basilique funambule
Ultime étape avant l’Equateur, la grande ville d’Ipiales, réputée plutôt moche, et dont les backpackers ne se servent que de consigne à bagages, le temps d’aller visiter le sanctuaire à Las Lajas. Nous n’avons pas fait exception à la règle, ayant lu que tout séjour dans la ville elle-même était parfaitement dispensable, pour ne pas dire à éviter.
Nous arrivons de Tuquerres en à peine plus d’une heure de bus, laissons nos sacs à la consigne et filons en colectivo vers le village de Las Lajas, posé au bord d’un canyon abritant l’une des merveilles architecturales les plus sous-estimées de la planète. Poum, rien que ça. Lisez la suite et regardez les photos avant de dire qu’on s’enflamme.
La légende veut qu’un jour, une petite fille, vadrouillant dans le canyon avec sa mère, ait entendu la mestiza l’appeler du fond.
Pour célébrer l’apparition de la vierge, une église fut construite AU SEIN MÊME du canyon, et reconnue récemment comme basilique. Ce fantastique édifice gris et blanc semble comme suspendu dans le vide, au milieu du canyon. Mais en fait non, il est adossé au flanc du canyon, et un ponton flanqué d’angelots musiciens immaculés mène à l’autre flanc et aux deux points de vue. Nous qui avons eu la chance de le voir sous le soleil, en avons bien profité, pris des photos de tous les angles et visité l’intérieur, dont le mur du fond est le canyon même !
Un rapide déjeuner plus tard, nous sommes de retour à Ipiales, puis dans le bus vers Rumichaca, et enfin en Équateur, le sixième pays du périple !
Informations pratiques :
- Dodo : où vous voulez, mais pas à Ipiales
- Manger : Los Distintos à Las Lajas, almuerzos à 5000 COP mais ça casse pas trois briques à un canard…
SHANK : 10/10 comme d habitude MERCI