Au-dessus de Punta Arenas et Puerto Natales, la route s’arrête, pas moyen de monter plus au nord du côté chilien ! L’Argentine est donc un passage obligé pour quiconque veut voyager à terre. Récit d’une parenthèse albiceleste de six jours entre El Calafate et El Chalten !

Rencontre avec un géant

De retour à Puerto Natales 9 jours après Torres del Paine, on est chauds comme la braise pour continuer en stop. Le Chili a bonne réputation pour ça, mais pas l’Argentine, on va bien voir… Et ça marche ! D’abord deux gars de la ville nous posent de l’autre côté de la frontière, sur la Ruta 40, celle de la Patagonie et… des touristes ! Une heure plus tard un père et son fils nous ramassent pour nous amener à La Esperanza, puis à El Calafate après un imbroglio dont nous n’avons pas tout saisi… Qu’à cela ne tienne, c’était inespéré, mais on a avalé les 350km en une après-midi et on est arrivés à destination !

Malheureusement, la joie retombe vite : l’Argentine c’est cher, très cher. Le seul hostel qu’on trouve à prix raisonnable ressemble à un sous-sol de parking, les banques sont maîtresses dans l’art de la saignée, et dans les supermarchés, on paye sa nourriture au prix fort. Et puis la ville entière nous fait penser à une station de ski, avec ses maisons en bois, ses restaurants, ses magasins de souvenirs et d’équipement de randonnée. On est pas trop fans…

Mais en général, tout ça signifie que dans le coin, il y a un truc sympa à visiter. Ce truc, c’est l’un des plus grands glaçons du monde, situé au sein du Parque Nacional Los Glaciares : nous appelons à la barre le glacier Perito Moreno. Avec ses 250 km² de surface, il va vous en refroidir des verres de pastis !

Depuis la ville, une heure et demie de bus vous amènent au belvédère, un lieu tout spécialement conçu pour admirer la bête : grâce à un vaste réseau de passerelles, on peut voir le glacier sous toutes les coutures ! Hors du lac, des murs de glace de 40 à 70m s’élèvent à la verticale, et la face supérieure du glacier est hérissée de pointes monumentales. Un véritable enfer gelé, on s’attendrait presque à voir débarquer des White Walkers !

Sous le soleil, la glace prend toutes sortes de teintes bleutées et turquoise, c’est absolument magnifique ! Et toutes les 30 secondes, un craquement sinistre se fait entendre et résonne dans toute la vallée… On comprend vite pourquoi en voyant des pans entiers du glacier s’effondrer dans le lac laiteux. C’est terriblement impressionnant, mais derrière ce spectacle se cache une triste réalité : le glacier a perdu 90km2 de sa surface en 25 ans. Qui sait ce qu’il en restera quand nos enfants iront le visiter ? Ou plutôt, ceux des autres, nous on déteste ça, vous le savez bien…

Plus proche de la ville, il est également possible de visiter la vaste réserve Laguna Nimez, peuplée d’oiseaux en bordure du Lago Argentina. Hélas, le prix prohibitif de l’entrée nous a poussés à simplement en longer les barrières pour observer oies, flamants, vanneaux et caracaras au dehors.

L’aventure calafateña se termine fort agréablement par des retrouvailles surprise avec Anahi, collègue argentine des parents de Laure, et son mari. Certes, aller dans une parrillera argentine (restaurant à grillades) et en parcourir le menu nous donne des sueurs froides, mais au moment de planter ses crocs dans la viande locale, tout est pardonné 🙂

Informations pratiques

  • Dodo : Albergue Estrella Celeste, 200 pesos en dortoir, sdb partagée, cuisine. Hostel familial un peu tout pourri mais proche du terminal et le moins cher qu’on ait trouvé !
  • Manger : si vous voulez/pouvez casser la tirelire, allez manger une parrilla à La Tablita. Autour de 250 pesos pour une grillade et 100 pesos pour la garniture.
  • Sorties : le bus pour le glacier Perito Moreno vaut 460 pesos (attention, certains font des détours par Lago Roca, même prix mais beaucoup plus long !) et l’entrée dans le Parque Nacional Los Glaciares 330 pesos (scandale).

Randonnées et burgers

Encore tout auréolés de notre succès sur le sud de la Ruta 40, on décide de poursuivre l’aventure en stop. On se poste gonflés à bloc au nord de la ville en se disant qu’il n’y a que 3h jusqu’à El Chalten ! Las, 2h d’attente dans le vent glacial plus tard, on retourne tout penauds au terminal pour dépenser une fortune dans un ticket de bus. VDM

El Chalten, c’est un petit village construit de bric et de broc à la va-vite dans une plaine pour bien signifier au Chili que le Fitz Roy appartenait à l’Argentine. Aujourd’hui c’est devenu un véritable temple de la randonnée : glaciers, lacs et forêts s’offrent aux visiteurs dans la portion nord du Parque Los Glaciares, qui est entièrement GRATUITE ! Tout comme l’oxygène que vous y respirez, autant dire que c’est une belle affaire !

Le temps est au beau fixe à notre arrivée, la tour dominant majestueusement le petit bourg au milieu du ciel bleu. Ayant eu vent de l’extrême instabilité du temps ici aussi, on se lance sans hésiter dans l’ascension de la célébrité ! Après un petit échauffement le long du sinueux Rio de las Vueltas, on traverse la forêt puis les plateaux verdoyants, avec à chaque instant une vue panoramique de la grande tour. Et comme à Torres del Paine, on termine par un petit assassinat des familles, histoire de voir ce que vous avez dans le ventre !

Pourtant cette fois, la dernière montée est pourvoyeuse d’un événement peu commun. Aux trois quarts, alors que la majorité de nos poumons traînent déjà par terre, une curieuse créature, sorte de déesse mi-femme mi-condor, toute de violet vêtue, nous interpelle d’une voix suave, où point toutefois une certaine émotion « Mais vous êtes les Butineurs Libres ?! ». INCROYABLE, on a été reconnus, on est des stars !!! C’étaient Elise et Tom (vous pouvez les suivre ici !), et on les reverra ! *spoiler*

Suite à cette étonnante rencontre, le pique-nique sous le Fitz Roy est fantastique, le ciel est toujours d’un azur quasi-inaltéré, deux lagunes d’une couleur surréaliste en baignent le pied, et autour de nous règne encore cette désolation rocheuse caractéristique de la Patagonie.

Une autre randonnée à faire dans la région est celle du Cerro Torre. Moins difficile, plus plate, elle mène à une lagune entourée de montagnes rocheuses, mais malheureusement on l’a faite majoritairement sous les nuages, ce qui ne permet pas d’en retirer des clichés mémorables… Idem pour le Chorillo del Salto, une grosse cascade située à quelques kilomètres du centre ville. Seuls avantages de ces balades courtes : Olivier notre cabri supersonique n’a pas besoin de nous attendre une heure pour manger, on arrive tous les trois en même temps ! 🙂

Ce qui est plus mémorable, c’est ce troupeau d’israéliens ayant débarqué dans notre hostel, faisant force bruit jusque dans la nuit, laissant traîner leurs déchets et fumant dans les parties communes. Deux nuits difficiles en somme… Et encore plus mémorable, nos agapes au B&B, où nous sommes retournés deux fois après nos randonnées : copieux, juteux, dégoulinants de saveurs et de gras, savamment accompagnés d’un panier de frites et d’une bière, leurs burgers ont réalisé après ces longues marches nos fantasmes les plus fous !

Informations pratiques

  • Dodo : Albergue Ñande Roga, 200 pesos en dortoir, sdb partagée, cuisine. Hostel familial à nouveau tout pourri, mais encore une fois, pas cher !
  • Manger : après avoir randonné, allez chercher votre récompense chez Beers & Burgers ! Les burgers sont à tomber, les frites sont très bonnes, et il y a de la bière artisanale !
  • Sorties : la portion nord du Parque Nacional Los Glaciares est gratuite, donc vous pouvez faire toutes les randonnées sans payer ! Idem pour les campings.
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