C’est une maison bleue, accrochée à la colline. On y vient à pied, histoire d’admirer les innombrables œuvres de street art, mais on peut aussi prendre le téléphérique pour s’immerger à fond dans l’ambiance porteña. Valparaiso s’éveille, Valparaiso s’éveille, Valparaiso… Big up Maxime, quand on se balade dans ces rues, on pense à toi !

Valpo, Bohême bariolée

Notre arrivée dans cette ville vantée par les touristes du monde entier est assez bizarre : fraîchement débarqués de notre bus nocturne, on se rend à la jonction des Cerros Alegre et Concepcion, où se trouve notre hostel. Mais le quartier réputé dynamique et touristique semble avoir la gueule de bois : de 7h à 9h30, tout reste fermé et rien ne bouge dans les rues ! Ce n’est que vers 11h qu’on peut accéder à notre hostel, et encore, le check-in doit attendre 14h !!! Mais notre abasourdissement retombe doucement, et quand notre Olivier national passe le palier de la porte, on est comme des oufs ! En même temps, un bon poto qui se pointe au bout du monde pour vous apporter du sauciflard, du bon chocolat, un nouvel appareil photo et une camera, tu peux pas test !

Et l’euphorie perdure, car ensuite on entreprend de visiter celle qu’on appelle affectueusement Valpo. Ou alors les gens sont juste des feignasses, mais bon, cinq syllabes ça peut se comprendre ! Les inconditionnels de street art que nous sommes attendaient ces collines avec impatience, et les graffeurs n’ont pas laissé un centimètre carré de libre pour la déception : la couverture multicolore des murs est quasi totale, le moindre espace est occupé, c’est très impressionnant !

Pour en savoir plus, on s’inscrit pour un premier free tour entièrement dédié au street art. Et vous vous en doutez, on n’est pas déçus devant l’étalage de tags, de graffitis et de fresques sur les façades des Cerros Alegre et Concepcion ! Entre les crews Plus, 1Up ou More qui marquent leurs territoires à grands coups de grosses lettres à l’ancienne, et les artistes de rue comme Marceli, Cuelli Mangui, Un Kolor Distinto ou encore Anis, c’est une véritable avalanche de couleurs sur les murs de la ville et dans nos rétines qui n’auraient jamais pu se préparer à un tel spectacle !

Parfaitement emballés par ce déferlement chromatique, on s’inscrit quasi dans la foulée pour un autre tour recommandé par des amis : Valp’Otop avec Jonathan ! Un peu plus long et entièrement en français, il a également le mérite d’ajouter des touches d’histoire et de politique. En plus de la poursuite de notre formation street art, on en apprend un peu plus sur la société chilienne : la triste solitude des pompiers (qui ne fonctionnent qu’au bénévolat et ne perçoivent aucune aide de l’état !), le renversement de Salvador Allende par Augusto Pinochet, ou encore le combat des indigènes Mapuche contre l’expropriation de leurs terres par le gouvernement chilien. Ce type de problématiques sociales est un thème cher à Inti Castro, et il illustre la désunion des peuples latino-américains dans sa gigantesque fresque du centre ville de Valpo (ci-dessous).

En prime, on récolte quelques conseils gastro (il faut absolument goûter la chorillana et les completos), et on se dégotte même une chambre chez l’ami Jonathan, qui en plus de faire des tours de l’espace a aussi un appartement super cool ! Hé oui, cette ville est trop stylée, et on va y rester un peu plus longtemps ! 🙂

Informations pratiques

  • Dodo : Hostal Color, moins de 10 000 pesos par personne en chambre triple, sdb partagée, cuisine (réservation via Booking). Sinon en AirBnB chez Jonathan de Valp´Otop, 12 000 pesos par personne en chambre simple ou double.
  • Manger : El Guaton pour tester la chorillana, 8000 pesos pour une assiette et un pichet de 1.5L de bière ! Pas un plat gourmet, peut être même dirons-nous que ce n’est pas très bon, MAIS c’est une des rares spécialités chiliennes et le sponsor officiel de vos lendemains de cuite ! À tester donc !
  • Sorties : deux free tours à travers la ville, fonctionnant aux pourboires, vous donnez ce que vous voulez ! Valpo Street Art, 2h, en anglais et orienté… street art, très intéressant ! Sinon Valp’Otop avec Jonathan, quasi 3h, en français, mélangeant histoire de la ville et street art, on a adoré !

Hors de la ville : dunes géantes et visite chez Pablo

On va rester un peu plus longtemps pour profiter de cette ambiance bohème, de ces rues basses agitées et de ces collines bucoliques, mais aussi pour en explorer les alentours. Deux sorties nous sont conseillées par l’ami Jonathan, alors allons-y dans l’ordre !

La maison de Pablo Neruda
Sur les roches noires de la côte pacifique, à 1h30 de bus au sud de Valpo (de l’hôpital Valpo ?!), la grande maison du célèbre poète s’avance vers l’océan, comme pour défier les vagues de l’atteindre. La demeure est pleine de surprises, mais la première d’entre elles nous attend à notre sortie du bus : une mer entièrement cachée sous une brume impénétrable, tandis que sur terre, le soleil brille au milieu du ciel bleu ! Ça paraît déjà étrange, mais pas autant que tous ces chiliens qui se massent sur lesdites plages ! Sans rire, c’est comme s’asseoir face à un mur gris, sauf qu’il y a du vent et qu’on se met du sable entre les orteils…

Aux faits maintenant ! Premièrement, la baraque de l’ami Paulot est super grande, toute en longueur, toute de pierre et de poutres vêtue, inspirée tantôt du bateau, tantôt du train, avec à l’arrière le petit jardin qui va bien.

Mais c’est à l’intérieur que ça se joue, entre un aménagement optimisant la régalade de la vue sur la brume mer et une déco qui renverrait Valérie Damidot à Danse Avec Les Stars. De grandes fenêtres dans toutes les pièces permettaient au poète de ne jamais perdre le contact avec sa muse aquatique, et l’immense baie vitrée à 180° de la chambre à coucher lui offrait une vue sublime à chaque réveil. Mais en tant que visiteur on pète surtout une durite face aux innombrables objets collectionnés par le poète : bouteilles, pipes, bateaux en bouteille, papillons, coléoptères, figures de proue de navire (c’est pas une blague, elles sont dans le salon, OKLM), coquillages, il semblerait que la moindre lubie de Pablo s’étale dans toutes les pièces de la maison !

Et au dehors de ce véritable musée, face à l’océan, les tombes de Pablo Neruda et de sa dernière femme Matilde Urrutia trônent fièrement sur un promontoire rocheux aujourd’hui transformé en promenade.

Malgré un prix relevant du prohibitif, c’est une bien belle visite au final, qu’on ne regrette aucunement ! Pas moyen par contre de comparer avec son autre demeure sur les hauteurs de Valpo car on ne l’a pas visitée, mais dans l’absolu ça vaut le coup d’œil !

Les dunes géantes de Concon
Au nord de Valpo, toujours sur l’océan Pacifique, on trouve Viña del Mar, sorte d’antre maléfique de la jetset chilienne, puis un peu plus loin, la petite banlieue de Concon (prononcer conne-conne, même si c’est pas beaucoup mieux).

Bien qu’hérissée des mêmes immeubles résidentiels abjects que sa voisine, Concon attire tout de même locaux et étrangers sur ses monumentaux tas de sable ! Les grandes dunes sont un véritable enfer à gravir, mais une fois au sommet, on bénéficie d’une vue panoramique sur toute la baie, et si on veut on peut même redescendre en luge ! On y rencontre Florian, expatrié à Valpo et son frère Matthieu, que son voyage a porté vers la cité chamarrée. Tous ensemble, on déambule tranquillement les pieds nus dans le sable chaud, les yeux rivés sur l’immensité bleue.

C’est très agréable, d’autant que la vaste étendue sableuse vous isole (presque) complètement de la banlieue huppée et de l’axe routier alentour. La descente jusqu’à la minuscule plage publique de Concon, à 20min de marche, est largement dispensable. On est bien mieux au sommet des dunes ! 🙂

Informations pratiques
Sorties :
– Maison de Pablo Neruda : bus jusqu’à Isla Negra, 1h30 3000 pesos ; entrée dans la maison, 7000 pesos par personne avec un audioguide. Et à notre grand dam, les cartes étudiantes périmées ne font pas illusion… Visite certes chère mais ça en vaut la peine !
– Dunes de Concon : bus depuis le front de mer, 45min, 450 pesos par personne.

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