Sur le papier, l’île d’Ometepe a tout du paradis perdu : deux volcans jumeaux, deux cônes parfaits, à la cime coiffée de nuages cotonneux et aux flancs recouverts d’un vaste tapis de verdure, émergeant au centre du lac Nicaragua. Et dans les faits ? C’est pareil, demandez à Mark Twain ! Suivez-nous dans un endroit magnifique et préservé, que le tourisme de masse n’a pas encore su marquer de son empreinte…
Moyogalpa
Port d’entrée de l’île et une des deux villes majeures (avec Altagracia), c’est un bon point de départ pour explorer Ometepe. On y trouvera un bon nombre d’hostels (évitez Hospedaje Central si financer une secte pédophile ne fait pas partie de votre programme de vacances), de restaurants et de bars, et des tarifs avantageux pour la location de vélos et de scooters. Notez bien qu’en juillet la météo change très vite, il faut toujours jeter un œil au ciel avant de partir : 2$ par personne c’est intéressant pour faire 2h de vélo, mais un peu cher pour juste prendre une grosse douche ! #testéetdésapprouvé
Bref, depuis Moyogalpa et équipé de deux roues, on peut rallier sans trop de peine la Punta Jesus Maria pour observer le coucher de soleil, la baie de Charco Verde ou la cascade de San Ramon, à l’extrême sud-est. Personnellement, on n’a pas saisi cette opportunité, et on aurait peut-être dû, car c’est sans doute la meilleure façon d’explorer l’île en totale liberté (les bus sont rares et les taxis hors de prix).
Autrement, si vous recherchez une ambiance plus calme et digne de cet éden celé aux yeux du monde, prenez le bus et partez ! Nous, on s’est contentés d’y rester une demi-journée pour faire des adieux embués de larmes à Chanel et Sébastien, nos amis québécois qui vont beaucoup nous manquer !
Balgüe et la presqu’île Maderas
Le petit village de Balgüe marque littéralement la fin de la route du nord-est. Ensuite ce n’est que de la piste terreuse jusqu’à San Ramon, de l’autre côté du volcan ! Sauf que quand on est des aventuriers de l’extrême, on ne se laisse pas arrêter par trois graviers ! On prend son sac, on serre les dents et on se met en marche ! Direction le Jardin de la Vida, près de la Punta Gorda, à quasi 3 km de la fin de la route ! Cet hostel a été ouvert il y a quelques mois par un couple d’américains qui, après leur rencontre au Guatemala, ont entièrement aménagé un chicken bus dans lequel ils sont venus des Etats-Unis, et où ils vivent aujourd’hui avec leur fille d’un an. La bête étant couverte de panneaux solaires, elle permet au domaine d’être entièrement autonome d’un point de vue énergétique. On tire notre chapeau au solar flower power et aux hippies nouvelle génération qui Dieu merci mangent de la viande et du gluten !
L’endroit est un peu rustique au premier abord, avec ses sentiers de pierres, ses toilettes sèches et l’absence totale de murs. Mais bien vite on se rend compte que cette grande propriété au pied du volcan Maderas possède un charme fou et des arguments très forts à faire valoir : un accès quasi-direct aux eaux du lac, des oiseaux, une multitude d’arbres fruitiers et d’innombrables papillons !
Durant nos trois jours là-bas, nous avons passé le plus clair de notre temps à chiller. Mais quand le besoin s’en faisait sentir, on a pu aller de dégourdir un peu les bras et les jambes ! Déjà, les toilettes étant à 15m du dortoir, ne pas sous-estimer le nombre d’allers-retours effectuées en une nuit en période de trouble intestinal ! Blague à part, Nous avons commencé par un tour en kayak sur le lac, pour admirer, complètement abasourdis, les couleurs du coucher du soleil derrière le volcan Concepcion, alors que cormorans et singes hurleurs s’affairaient autour de nous.
Puis, une ascension un peu osée du volcan Maderas avec Cristobal, le guide de l’auberge, et Brandon, un géant américain rencontré sur place. Au bout d’une ascension raide et boueuse dans la forêt humide et la forêt de nuages, nous descendons dans le cratère, pour n’y trouver que désillusion. Cinq heures de marche, 1400 m de dénivelé positif, des rhumatismes et des millions de taons pour voir une lagune fantôme, battue par le vent et la pluie, et une visibilité de quelques mètres à peine ! C’en est trop, nous redescendons au bout d’une demi-heure d’un pique-nique humide. Mais la descente est à peine plus glorieuse, et plusieurs fois nos organismes perclus de douleurs chutent lourdement sur les racines et le sol fangeux. Les rétributions ne viendront qu’au bout de 7h de randonnée, quand nous aurons une vue immaculée de Concepcion, puis le spectacle d’une famille de singes hurleurs sautant lestement d’arbre en arbre !
Santa Cruz, la plage, la piscine et les jumeaux
Après ça, quoi de mieux pour soigner ses courbatures et nettoyer ses chaussures qu’une belle plage ? Ben rien…
À Santa Cruz, on est quasiment sur l’isthme séparant les deux parties d’Ometepe. Ce qui signifie qu’on a une vue imprenable et surtout SIMULTANEE sur les deux volcans, le rêve !
En poussant un peu plus au nord, on arrive sur Santo Domingo. On est toujours sur le même bandeau de plage, mais c’est un peu plus animé : des hôtels pour tous les budgets et des restaurants qui permettent de goûter autre chose que le fameux pollo frito…
Et encore une paire de kilomètres plus loin se trouve l’entrée de l’Ojo de Agua. Ces piscines de pierre sont alimentées par deux rivières qui dévalent les pentes de Concepcion, et elles sont ceintes de dense végétation. On peut donc s’y rafraîchir à l’ombre ou au soleil, lézarder sur ses bords, travailler son équilibre sur la slackline, tomber de la slackline, remonter sur la slackline, retomber de la slackline, ou bien tenter des sauts depuis la corde Tarzan. Conseil d’ami : arrivez avant 10h, vous aurez la piscine entière pour vous seuls, et personne ne vous verra vous anéantir toute une moitié de visage en faisant un plat ! (Il y avait pourtant une affiche qui mentionnait le caractère périlleux de l’activité !)
Bref, Ometepe c’était un petit rêve éveillé qu’il nous a été difficile de quitter ! La nature préservée et le calme ambiant en font un lieu terriblement attachant, où par endroits, sous le ciel étoilé et face au lac qui s’étend à perte de vue, on a l’impression d’être seuls au monde… Et c’est tant mieux parce que personne n’a envie d’entendre une chute aussi kitch !