Dernier épisode de nos aventures sur la côte caraïbe de la Colombie, la péninsule de la Guajira, à l’extrême nord-est du pays, à deux pas de la frontière avec le Venezuela !

Palomino

Après notre expérience douloureuse comme baudets à Tayrona, on s’est dit qu’on aurait besoin d’un peu de repos. Palomino attire bon nombre de touristes sur ses belles plages, autant dire que ça peut tout à fait nous convenir ! Sauf que tout compte fait, la plage est quand même un peu loin de la carretera, la route où on se fait déposer par le bus. Et à une quinzaine de minutes de marche de notre hostel, La Iguanita, ouvert par un amour d’ancien juge de Cali qui veille de près à ce que nous ne manquions de rien, et qui possède surtout un minuscule chaton dont Laure est instantanément et éperdument éprise !

Quatre journées de repos donc, entre jus frais et petits déjeuners frits près de la carretera, et une seule sortie à notre actif : la descente du Rio Palomino en bouée, une activité toute indiquée pour les deux feignasses que nous fûmes ! Un beau matin sous le soleil, deux motos viennent nous récupérer à l’auberge pour nous déposer au pied de la sierra, d’où on se lance, bouée sur l’épaule, vers le fleuve. Pour notre plus grand bonheur, les quinze minutes de marche annoncées par nos chauffeurs sont en fait plus proches des trois quarts d’heure, et l’embarcadère n’est indiqué nulle part !

Mais une fois passés ces menus obstacles logistiques, on pose nos augustes séants dans les larges chambres à air, et on se laisse tout simplement dériver jusqu’à l’océan. La descente est d’une quiétude totale, que viennent seulement troubler quelques rapides, des contre-courants peu opportuns, des branches basses et une paire d’araignées marchant sur l’eau ! Autrement, on a tout loisir d’admirer la dense forêt de la montagne et la faune des berges : urubus noirs, aigrettes, hérons bleus et verts, martins-pêcheurs, pélicans, et même un caïman que Shank manque de percuter après une folle embardée vers la rive !

Cette unique activité mise à part, pas grand-chose à signaler sous le soleil, en dehors d’une belle sortie pique-nique au Rio Ancho, fomentée par notre hôte Armando, qui nous permettra de rencontrer un couple de jeunes allemands, qui à 21 ans ont déjà fait un tour du monde de 2 ans (!). Eh oui, les allemands ont tout compris ! Et quelques autres rencontres fort intéressantes, notamment deux françaises saisonnières qui ramassent des abricots, font les vendanges ou travaillent en station de ski pour aller parcourir le vaste monde dès que c’est possible !

Informations pratiques

  • Dodo : Hostel La Iguanita, 45 000 COP en chambre double, sdb partagée, cuisine, et des propriétaires adorables !
  • Manger : les pizzas de La Frontera sont exceptionnelles et autour de 15 000 COP ; l’Hostal Oasis propose de bons plats autour 10 000 COP et il y a plein de petits stands à arepas sur la route principale !
  • Sorties : descente du fleuve en bouée pour 20 000 COP, inclut la bouée et le transport amont

Cabo de la Vela

Après Palomino, cap sur l’est et le désert de la Guajira ! La dernière grande ville sur notre route est Riohacha, où on attrape une voiture « collectivo » pour rallier Uribia, capitale indigène de Colombie, ville peuplée par les Wayuu et assommée par un soleil écrasant ! De là, deux heures de Jeep sont nécessaires pour traverser le désert et arriver au Cabo de la Vela, un minuscule village Wayuu situé au bord de la mer. Shank, qui depuis son enfance a été privé de désert, est très impressionné par ces paysages désolés : de la poussière ocre s’élèvent péniblement quelques arbres rachitiques en parasol, offrant une ombre morcelée aux cactus, euphorbes et autres opuntias qui résistent tant bien que mal aux banderilles incessantes de l’astre solaire. D’aucuns racontent que cet endroit infernal est celui où les cactus viennent se cacher pour mourir…

C’est dans cette Jeep qu’on rencontre Manon et Quentin, couple franco-belge qui voyage avec Martin, ami belge du premier. Avec Mickaël, apprenti architecte que nous recueillerons plus tard, nous formerons une équipe du tonnerre !
Au bout de la route : Cabo de la Vela, bourgade d’à peine un millier d’habitants, nichée entre un désert infini et une mer d’huile, et battue par un vent fort qu’affectionnent les kite surfers. Plusieurs écoles y ont ouvert et des aficionados y viennent régulièrement pour s’initier à moindre coût à ce sport.

Le long de la seule rue vadrouillent ou s’établissent également nombre de femmes ou jeunes filles Wayuu, proposant des objets artisanaux aux touristes, et notamment les célèbres mochilas Wayuu, de magnifiques sacs tissés de toutes les couleurs, auxquels on ne résiste pas bien longtemps !

Autour du village, plusieurs points d’intérêt sont à visiter : El Faro pour observer le coucher du soleil, l’Ojo de Agua pour se baigner au milieu des pélicans, et le Pilon de Azucar. On n’aura malheureusement pas eu l’heur de voir les deux premiers, mais le troisième nous a fait forte impression. Imaginez la rencontre des dunes arides ocre et de l’eau turquoise, le tout au pied d’un monticule au sommet duquel a été érigée une petite chapelle. De là, la vue sur le désert d’une part et l’océan de l’autre est magnifique !

Informations pratiques

  • Dodo : Posada Pujuru, 15 000 COP la nuit en chinchorro, 10 000 COP en hamac simple ; l’école Kite Addict Colombia propose aussi des hamacs à 15 000 COP et des chinchorros à 20 000 COP
  • Manger : on a surtout fait la cuisine, mais compter 15 000 COP pour un almuerzo ou un dîner de poisson
  • Sorties : El Faro et le Pilon de Azucar sont gratuits à faire à pied, compter 10 000 COP l’AR en moto-taxi

Punta Gallinas

Depuis Cabo, la majorité des visiteurs font une excursion vers Punta Gallinas, qui n’est ni plus ni moins que l’extrémité nord de l’Amérique du Sud. Et paf ! Malgré des négociations aussi longues qu’éprouvantes, notre fine équipe de six ne fera pas exception à la règle !

La pointe de terre se rallie en voiture pour les plus chanceux, et en saison humide (tout est relatif dans le désert) en bateau. Obligés pour notre part d’embarquer sur la petite lancha, nous traversons un calvaire de 4h en tape-cul, contre le vent et les vagues, des seaux d’eau salée se déversant continuellement sur nos corps raides et endoloris. Mais le spectacle à l’arrivée vaut le détour : des lagunes et des bras de mer turquoise bordés de mangroves cisèlent le désert ocre, et depuis la terrasse de l’auberge on aperçoit même un large rassemblement de flamants roses au loin ! Une fois les sacs posés et le petit déjeuner avalé, on démarre notre tour de la région en 4×4 pré-colombien.

Notre véhicule grinçant et trébuchant sillonne donc le désert vers la première étape : le phare de Punta Gallinas, qui est véritablement LE point le plus septentrional de l’Amérique du Sud.

Puis, on atteint le mirador, d’où on jouit d’une vue magnifique sur les lagunes mentionnées un peu plus haut.

Et enfin, on part à l’assaut des immenses dunes de Taroa, pour aussitôt en dévaler les pentes à toute berzingue et faire un plongeon dans l’Atlantique !

Au terme de ce sympathique mais bref tour du propriétaire, nous sommes de retour au camp, où une après-midi entière de tarot sera nécessaire pour se remettre de nos émotions. L’exploration de cette zone désertique s’achèvera par une dernière nuit en chinchorro, un hamac géant multicolore à volants, bien plus confortable que le hamac traditionnel !

La Guajira, c’est donc validé cent fois : des décors incroyables, une impression grisante d’être à des milliers de kilomètres de la civilisation, et dans notre cas de bien belles rencontres, qui **spoiler alert** feront encore un bout de chemin avec nous ! 😉

Informations pratiques

  • Dodo et manger : Hospedaje Alexandra est l’endroit où vous vous faites déposer, 20 000 COP la nuit en chinchorro, plats autour de 12 000 COP
  • Sorties : l’aller-retour à Punta Gallinas vaut 150 000 COP (voiture ou voiture + bateau), mais il est possible de négocier le retour à Uribia et de baisser le prix à 120 000 COP
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