Après plus de deux mois de voyage sous la ceinture, on pensait être en droit de se considérer comme rompus à l’art du vagabondage. Le passage de la frontière Nicaragua – Costa Rica est venu nous rappeler que nous n’étions encore que des jeunes padawans, et qu’il y a des jours où ça veut pas, tout simplement.

A Peñas Blancas, à peine sommes-nous descendus du bus que les sollicitations pleuvent. C’est ainsi que dix minutes plus tard, complètement enlisés dans un imbroquenard (les gens du sud disent traquenoglio mais c’est vachement moins parlant), nous serons délestés des 10$ que nous venions de changer, par une paire de faux employés du bureau d’immigration. On passe la frontière tous fulminants, jurant que plus jamais on ne se laissera avoir. Et côté costaricain, alors que nous voulons renflouer nos caisses, le distributeur avale notre carte bleue magique sans frais ! Un dimanche, bien évidemment, sinon c’est pas marrant !

On se dirige donc contraints et contrits vers La Cruz, à une dizaine de kilomètres de la frontière, pour y passer la nuit. Le lendemain, on réussira heureusement à récupérer notre carte sans encombre à la première heure, seulement pour heurter de plein fouet le soulèvement des immigrés africains et cubains, rejetés par les autorités nicaraguayennes. Au final, un peu plus de 24h seront nécessaires pour passer cette frontière de tonnerre de Brest !


VOILÀ ! Et maintenant qu’on est bien énerves, parlons tourisme, parce que c’est quand même pour ça qu’on est venus bon sang de bois !

Depuis la frontière donc, trois bus nous emmènent (via Liberia et Cañas) dans le village de Bijagua, en bordure du Parque Nacional Volcan Tenorio, dans le nord du pays. On pose nos sacs au Rio Celeste Backpackers, chez une adorable famille qui est aux petits soins pour ses hôtes, qui ce jour là sont tous français ! On y a en effet rencontré une famille de cinq et deux routards de notre âge !
C’est conduits dans le 4×4 tout confort de ces deux derniers, Thibaut et Charly, que nous allons randonner dans l’enceinte du parc le lendemain. Heureusement qu’ils étaient là, sinon le tarif applicable était de 9km et 2h30 de marche jusqu’à l’entrée du parc !
Le temps est couvert, mais la forêt est d’une luxuriance folle (et il ne pleut pas : victoire !).

Et après une demi-heure de marche, on entend le gargouillement de la cascade et on voit apparaître au milieu des arbres ce bleu turquoise d’un autre monde ! D’après la légende, Dieu aurait lavé ses pinceaux dans le fleuve après avoir peint le ciel, c’est mignon non ?

Le sentier se poursuit jusqu’à un point de vue, qui en cette journée grisonnante ne peut nous proposer qu’un petit morceau du volcan Tenorio et de ses voisins sous une épaisse couverture nuageuse. Qu’à cela ne tienne, on continue ! Un peu plus loin, en amont de la rivière, l’eau gagne en soufre et en température : l’air porte cette odeur caractéristique d’œuf pourri, et l’eau bleue bouillonne ! Encore un peu plus haut, au-delà du panneau « secteur fermé au public » que tous les français que nous croisons franchissent allègrement, on arrive à la confluence des deux rivières formant le Rio Celeste. C’est à cet endroit précis que la réaction chimique donnant cette superbe couleur turquoise se produit, à la faveur d’un changement de pH et de la précipitation d’une partie des composés soufrés.

Le retour se fait sous la pluie (il paraît que c’est la saison) et le départ de Bijagua déjà le lendemain, non sans aller dire bonjour aux quelques rainettes qui trainent autour de la maison. Hé oui, au Costa Rica c’est cher, alors on accélère !

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