Bonne nouvelle : le train circule pendant le nouvel an, on va pouvoir quitter Bagan ! Avec Marc et Marie qu’on ne lâche plus, on se rend donc d’abord à Mandalay, l’ancienne capitale royale. Celle-ci semble vouloir défendre son statut actuel de « Place Pour Être Au Water Festival » au moyen de camions entiers de jeunes gens ivres, de seaux et de lances à eau !

On pousse ensuite jusqu’à Pyin Oo Lwin, ancienne capitale d’été des colons britanniques, où on doit faire 26 hôtels avant de trouver asile dans un établissement entièrement rose bonbon ! La température y est plus agréable qu’en plaine, mais hors de question de s’arrêter en si bon chemin ! Le lendemain, on reprend donc le train sous la pluie, on passe sur l’impressionnant viaduc de Gokteik, et on rallie Hsipaw, en pays Shan ! 17h de transports en deux jours pour couvrir 420 km, voudriez pas qu’on se dépêche non plus ?!

Hsipaw : villages et linguistique

À notre arrivée dans la petite ville, les nuages gris et quelques enfants nous accueillent du mieux qu’ils le peuvent, c’est-à-dire avec force humidité ! Et si les facétieux bambins peuvent être un peu canalisés, on n’a pas la moindre prise sur les nuages ! Résultat : un jour et demi de pluie sans discontinuer !

Mais le troisième jour est le bon, on part tous les quatre en trek dans la montagne avec Mai, un jeune palaung de 18 ans à peine qui parle déjà quatre langues couramment ! Il s’efforcera d’ailleurs de nous apprendre un peu de birman, de shan et de palaung pendant ces deux jours, mais nous autres occidentaux avons parfois un peu de mal à ne pas nous embrouiller…

En tous les cas, malgré quelques nuages qui subsistent a notre départ de Hsipaw, la météo est parfaitement satisfaisante, et on aura même grand soleil à partir de la mi-journée ! Le début de notre marche est terriblement pittoresque, on traverse de premiers villages entourés de champs de sésame, de chou et de pastèque, et Mai nous présente des insectes moutonneux vraiment bizarres…

À chaque endroit, on est accueillis par des hordes d’enfants qui nous saluent avec enthousiasme, le sourire jusqu’aux oreilles ! En fin de matinée, une courte pause dans un village shan nous apporte nos premiers mots (« bonjour » se dit chemsa et « merci » se dit rokmai) et surtout une excellente salade de feuilles de thé, agrémentée de crudités et de cacahuètes, un véritable régal et une belle découverte ! Avec la frénésie de high-fives de cette adorable petite fille qui ne nous quitte pas des yeux, ça annonce la couleur de notre excursion ! 🙂

En effet, un peu plus tard, on parvient au village shan de Pan Kham, une étape classique des parcours de randonnée dans la région, pour le déjeuner. Et quel déjeuner mes aïeux ! La traditionnelle assiette de riz est submergée de gourmandises : dahl (lentilles jaunes), sauce tomate-cajou, salade de chou, c’est un festin !

L’ascension se poursuit dans l’après-midi, un peu plus lentement après ces agapes végétariennes, mais on avance ! Dans les montagnes, les champs continuent de se déployer sous nos yeux, avec occasionnellement un paysan avec ses buffles.

Et encore un peu plus haut, des champs de thé à perte de vue, un air embaumé de sève de pin, ces petits papillons blancs aussi légers que de la soie, et des vues superbes sur les plaines et vallées alentour. C’est sur cette note beaucoup trop magnifique et apaisante que se termine cette journée d’efforts…

À l’arrivée dans le village palaung de Mai, on continue d’être super bien accueillis : un tour dans les ruelles pavées, par le monastère, un nouveau dîner végétarien à tomber, et une séance d’initiation au birman plutôt intéressante avec des ouvrières saisonnières des plantations de thé.

Le lendemain présente moins d’intérêt car on redescend vers Hsipaw, en partie sur le même chemin que la veille. Sur les tronçons « nouveaux », les paysages agricoles sont un peu moins riches, mais on croise tout de même les quelques placides bovins de rigueur. Mais sous le soleil écrasant, on aurait presque hâte d’arriver en ville, surtout Laure, que son ventre fait souffrir ! Mais notre jeune Mai a plus d’un tour dans sa besace, et lui offre une poudre végétale magique dans un petit sachet dont on ne peut absolument pas lire l’étiquette ! La confiance règne, et pendant ce temps-là, on déguste un fruit hybride entre le melon et le concombre, dont la fraîcheur tombe à point nommé en ces temps zénithaux !

Le tout est couronné d’un dernier repas typique de shan noodles en ville, et BIM, le lendemain, on saute déjà dans un mini-van pour le lac Inle !

Informations pratiques

  • Dodo : Yee Shin Guesthouse, 14 000 kyats en chambre double, ventilateur, sdb partagée, petit déjeuner inclus. Nam Khae Mao Guesthouse, affilié à Lily The Hotel, 10 000 kyats en chambre double, ventilateur, sdb partagée.
  • Manger : il y a un bon resto chinois dans la rue … (riz frit ou nouilles à partir de 1000 kyats), sinon il y a toujours moyen de trouver des bonnes Shan Noodles ou des soupes dans la rue pour moins cher. Et pour boire un petit jus de fruits frais (1500 kyats), il y a Mr. Shake, en face des pompiers !
  • Sorties : trek 2j-1n à 30 000 kyats, négocié à 28 000 (on était quatre). Inclut transport, guide, tous les repas et la nuit dans le village.

Inle, la vie sur l’eau

Après cette excellente expérience à Hsipaw, on se sent ravigotés, et c’est pleins d’entrain qu’on se dirige vers Nyaungshwe, sur les bords du lac Inle, un des endroits les plus touristiques du pays ! Mais c’était sans compter une nouvelle fois sur ses transports capricieux : pas de bus de nuit, mais plutôt 8h de trajet diurne à travers la montagne et la campagne. On est certes seuls dans le mini-van avec Marc et Marie, mais bon quand même…

À l’arrivée, on peine à trouver sandale à notre pied, mais on finit par atterrir à l’Aquarius Inn, excellent établissement au personnel adorable, dont le devise ressemble sûrement à « Si le client porte un truc lui-même vous êtes morts ! ». À part ça, l’endroit est assez touristique, surtout quand on le compare à Hsipaw : des hôtels et guesthouses dans tous les coins, des restos de tous les pays, des salons de massage… Mais dans l’absolu ça va, on respire encore 🙂

Pour le reste, on s’est fixé un programme assez tranquille, pépouze même : il s’agit de caler une petite marche et une sortie en bateau entre deux poussées de stress électoral. Seul problème : les intestins de Shank prennent le relais de ceux de Laure, ce qui diminue fortement le pauvre garçon lors de la randonnée. Entreprise qui ne sera d’ailleurs pas entièrement couronnée de succès : on marchera surtout en bord de route et en rase-campagne avant de rebrousser chemin à midi pour que Shank se repose. Heureusement, les grottes de Htet Eain Gu, visitées en tôt début de matinée, valaient pas mal leur pesant de cacahuètes. Surtout la plus grande, divisée en nombre de boyaux de tailles diverses et criblée de bouddhas de toutes dimensions !

Mais enfin, la principale attraction, c’est le lac en lui-même, cette vaste étendue d’eau et de marécages que l’on ne délimite que difficilement. Entouré de montagnes, le lac reste un endroit paisible en dépit des nombreuses pirogues à moteur qui le sillonnent jour après jour : sa grande taille permet de diluer l’affluence touristique. On peut donc y traverser tranquillement les jardins flottants, les rangées d’immenses courgettes et leurs bordures infestées de hyacinthes d’eau.

On y observe aussi avec plaisir les pêcheurs, qui gouvernent leur barque avec un pied pour pouvoir manier le filet de pêche avec les deux mains ! Mais attention aux imposteurs, affublés des sempiternels chapeaux coniques et prenant la pose avec du matériel de pêche certes joli, mais plus usité depuis des années ! Dehors, usurpateurs ! Saltimbanques ! Moules à gaufres ! Bref.

Sur les bordures du lac, les nombreux villages flottants offrent des spectacles assez disparates. Durant notre excursion, nous passons par un atelier d’argenterie, une fabrique de cigares et l’atelier des menuisiers qui font les pirogues, trois endroits aussi authentiques qu’une contrefaçon Vuitton. On ne nous montre pas grand chose, on nous pousse simplement à l’achat. Merci mais non merci !

Cependant, d’autres villages offrent de bien meilleurs spectacles : c’est notamment le cas de la pagode de In Dein, agrémentée de dizaines de stupas dorés, et flanquée d’un cimetière où la verte nature a repris ses droits sur la pierre orangée, magnifique !

On obtient également de notre guide qu’il pousse jusqu’au village de Hsisone, à la limite méridionale du lac. Là, point de touristes, juste des birmans lavant leur linge, travaillant dans les jardins, nettoyant leurs maisons ou se promenant avec leurs enfants… Des scènes pittoresques, et toujours un grand sourire qui traine pour saluer les passants !

On aura essayé d’emprunter le long chenal menant au sud vers le lac Sankar, réputé superbe, mais la saison sèche va encore nous jouer un vilain tour : point assez d’eau, donc impossibilité d’y passer avec la pirogue. Dommage, si l’endroit était aussi stylé que son nom, on a dû rater quelque chose d’exceptionnel ! 🙂

Informations pratiques

  • Dodo : Aquarius Inn, super endroit proche du Night Market, 20 000 kyats en chambre double, ventilateur, sdb partagée, petit déjeuner (très bon !) inclus, et ils vous accueillent avec des fruits et du thé vert !
  • Manger : sur le Night Market, Miss Nyaung Shwe fait un excellent poulet mariné (2500 kyats), et surtout des crêpes au VRAI chocolat (2000 kyats) ! Sinon le Cozy Indian Restaurant (dans la rue de l’Aquarius, en face du Royal Nyaung Shwe) est très bien : currys, chapati et masala chai au top ! Pour boire une bière devant le coucher de soleil, le rooftop du Inle Cherry Queen Hotel est bien, et les boissons ne sont pas plus chères qu’ailleurs.
  • Sorties : journée en pirogue sur le lac pour 25 000 kyats, départ à 8h et retour à 16h, lever et coucher de soleil négociables.
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