Mille coraux, que ça a été difficile de quitter Utila la radieuse, son soleil et ses touristes américains ! Surtout que pour atteindre le grand lac, notre destination suivante, il aura fallu en passer par 1h de ferry, 3h de bus entre La Ceiba et San Pedro Sula, puis encore 2h jusqu’à Lago de Yojoa ! Enfin, au moins c’était divertissant, entre le défilé incessant de vendeurs à la sauvette (qui montent dans le bus pour vendre des sodas, des chips de plantain, des fruits, des assiettes de poulet grillé ou des hamburgers, et redescendent à l’arrêt suivant, un quart d’heure plus tard…) et le contrôle militaire impromptu au milieu de nulle part (lors duquel tous les hommes doivent descendre du bus et se tenir en ligne « execution-style »).

Au bout de la journée, on prend nos quartiers à la D&D Brewery, un restaurant/auberge/microbrasserie du village de Los Naranjos, situé à 2 km du lac et au pied de la montagne Santa Barbara, vice-point culminant du pays. Tout est propre, les bières aux fruits sont bonnes, et ça serait super reposant sans la douzaine de militaires américains (tous très sympathiques au demeurant) qui boivent et parlent fort autour du feu de camp ! 🙂

Depuis la brasserie, il est possible d’explorer les environs, et de faire bon nombre d’activités, aussi bien en autonomie qu’avec les guides de l’établissement. Voici notre petit échantillon personnel sur une période de 3 jours pleins, qui est évidemment loin d’être exhaustif.

Promenade dans le parc écologique et archéologique Los Naranjos

Tout proche de la brasserie, ce parc est accessible par le pont suspendu qui traverse le canal et est (parfois) gardé par un militaire. On peut y suivre des sentiers de pierres à travers la dense forêt, permettant notamment d’observer plusieurs espèces d’héliconias.

En longeant le canal, on parvient au bout d’un gros kilomètre à une promenade de bois surélevée au-dessus de la zone marécageuse entourant le lac, d’où on peut observer quelques oiseaux et beaucoup d’insectes, et surtout échapper momentanément aux stridulations assourdissantes des cigales géantes de la forêt.

La promenade de bois décrit une boucle qui se renfonce dans la jungle pour aboutir au tout petit musée archéologique (en espagnol) et aux ruines Lenca, qui ne sont en fait que des monticules de pierre recouverts par la végétation. Avant de pouvoir ressortir de quelque côté que ce soit (côté musée ou côté pont), il faut acheter un ticket à l’accueil, dont le prix est un peu élevé pour ce que le parc a à offrir. Enfin, au moins, on se dégourdit les jambes et on se met au vert ! 🙂

Chutes de Pulhapanzak

Ces chutes d’eau de 45m à l’intrigant nom maya valent clairement le détour. Sur la route du bus entre San Pedro Sula et El Mochito, un chemin caillouteux long d’un kilomètre permet de les rejoindre à pied. Une plateforme et deux petits sentiers permettent de s’approcher des chutes pour faire des selfies, et le personnel d’accueil propose également de faire une brève session de zip-lining au-dessus de la rivière et de la cascade. Mais le must incontournable de cet endroit, c’est la marche sous et derrière les chutes !

La descente se fait à pied à travers rochers glissants et petits bassins, et quelques minutes suffisent pour atteindre le pied des chutes. Mais dans le même temps, les micro-gouttelettes se transforment en gouttes, puis en seaux, et enfin en centaines de mètres cube d’eau qui s’abattent sur nous, pauvres mortels, depuis plus de quarante mètres. Le guide en Crocs, qui saute de pierre en pierre, ne s’en émeut guère, mais en certains endroits, la pluie est si drue et forte qu’il est impossible d’inspirer par le nez ou de garder les yeux ouverts. Pas d’autre choix alors que d’avancer tête baissée et de respirer par la bouche !

Mais l’humide échappée emprunte également des passages semi-ouverts plus secs, visite une minuscule caverne à l’arrière de la cascade, et se conclut enfin par quelques sauts de 6m dans la rivière. Au final, il faut un peu moins d’une heure pour boucler le tour et prendre l’équivalent d’un an de pluie dans la tronche… Et avant de reprendre le bus, on peut s’arrêter chez Joselin pour manger un poulet-frites devant la télé, c’est pas beau la vie ?

Sortie ornithologique sur le Lago de Yojoa

Parmi les quelques activités payantes proposées par D&D Adventures, il est possible d´aller observer les oiseaux avec un guide local le long du canal et sur le Lago de Yojoa. On aurait tort de s’en priver, quand on sait que le lac et ses environs accueillent plus de 500 espèces, soit presque les deux tiers de l’avifaune hondurienne !

Pour cela, il faut se lever à l’aube, et partir de l’auberge à 6h du matin. Après une tasse de café local (produit sur les flancs de la montagne Santa Barbara) et quelques gâteaux chez Freddy, notre guide, on monte avec jumelles et livre dans une barque, on remonte silencieusement le canal et on laisse la nature venir à nous. Il ne faut pas attendre longtemps pour que la magie s’opère : les yeux et les oreilles de Freddy sont acérés comme des lames de rasoir, et son savoir est immense. Il débusque des passereaux multicolores là où nos yeux de néophytes ne voient que du vert, et il distingue les chants de cinq oiseaux, même s’ils chantent tous en même temps et en plusieurs langues ! Hérons, butor, gallinule, jacana, cassiques, oriole, martin-pêcheur, tyranneaux, en une demi-heure on a déjà vu plus de vingt espèces !

Au bout du canal, on débouche sur le lac, incroyablement paisible aux premières heures du jour. En effet, les cigales ne font pas encore résonner la forêt de leurs vibrations surpuissantes, et les oiseaux peuvent alors occuper l’espace auditif. Ce qui nous permet en dressant un peu l’oreille d’entendre quelques toucans qui chantent, ou plutôt croassent au loin. Le lac est magnifique, entièrement ceint de verdure, hormis quelques fincas sur ses bords, et ses fonds sont paraît-il constellés de fragments d’obsidienne, la roche volcanique qui ressemble tant à du verre.

Au retour à l’auberge, peu après dix heures, le soleil est déjà haut et notre carnet de notes est bien rempli. Plus que l’appareil photo d’ailleurs, ce qui fait dire à Shank qu’il faudra vraiment investir un jour dans du matériel de pro. Objectif objectif, comme on dit…

Visite de la finca El Paraiso

Sans doute ce qu’il y a de plus facile à faire, car lieu le plus proche de l’auberge. Ce large domaine originellement dédié à la culture du café a été entièrement déclaré réserve naturelle. Il fait bon se promener sur le sentier des orchidées, également bordé de nombreux cèdres, palmiers cacaoyers et héliconias, pour parvenir à une zone archéologique où on peut observer des ruines Lenca. Mieux conservées qu’à Los Naranjos, on peut y deviner les restes d’un terrain sportif (campo de pelota, un jeu de ballon qu’on reverra à Copan !), et d’un ensemble de tombes situé en hauteur.

Bref, le Lago de Yojoa est un bel endroit pour ceux qui aiment la nature, loin de l’agitation des grandes villes (le terminal de bus de San Pedro Sula, ça sert à rien de te cacher, on te voit!). Et, surprise, c’est aussi un haut lieu du basket hondurien : preuve à l’appui ci-dessous !

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