À Puerto Rio Tranquilo, on a atterri sur l’extrémité sud de la route la plus célèbre du pays, la Carretera Austral ! On nous en a conté monts et merveilles, et on compte bien la remonter en stop jusqu’à Puerto Montt ou l’île de Chiloé. Sauf que…

Remontée laborieuse jusqu’à Chaiten

Sauf que tout le nord de la Patagonie chilienne croule sous des monceaux de touristes locaux, sous leurs pick-ups et leurs tentes 6 places. Au bord de la route s’agglomèrent des foules de backpackers de tout poil, et un certain nombre de bus sont déjà complets ! Autant d’obstacles à notre progression sur la célèbre piste !

Cela dit, on parvient quand même à rallier Coyhaique sans trop de difficulté. Sa plus grande qualité : son supermarché digne de ce nom où refaire nos provisions. Son plus grand défaut : être porteuse de plus de mauvaises nouvelles ! Plus de bus direct pour Chaiten avant 2 jours, et plus de ferry Chaiten-Chiloé avant 5 jours ! Pire encore, cette petite ville restera à jamais attachée au funeste souvenir de nos adieux avec Olivier. Hé oui, toutes les bonnes choses ont une fin et il n’est de bonne compagnie qui ne se quitte : après 36 jours de butinage frénétique, nos chemins se séparent et notre compagnon s’en retourne vers l’hexagone. Snif. Big up gros, on a bien kiffé tous les trois ! 🙂

Après une interminable après-midi de bus, un lit king size aussi fabuleux qu’inattendu dans le village de La Junta et encore 3h de bus à l’aube suivante, on arrive à Chaiten, ville côtière qui ne s’est pas encore tout à fait remise de l’éruption volcanique dévastatrice de 2008. On y retrouve une nouvelle fois nos copains Elise et Tom, qui ont toujours une petite longueur d’avance sur nous ! Et on cherche immédiatement un dortoir potable et des excursions gentillettes, car on va être bloqués 4 jours dans ce bled !

La météo du coin est branchée sur courant alternatif donc il faut être capable de s’adapter ! Après une délicieuse après-midi plage, puis une journée pluvieuse entièrement consacrée à ne rien foutre, on jette notre dévolu sur le volcan Chaiten, celui-là même qui a rasé une partie de la ville en toussant trop fort. Fun fact : il est situé au sein d’un domaine qui appartenait encore il y a peu à feu le PDG de The North Face. C’est dingue non ? Bref, pour en savoir plus c’est ici et on n’en parle plus !

La promenade est agréable, le faux plat initial étant recouvert d’une flore luxuriante, avec en premiers rôles les gigantesques nalcas, utilisées dans certains plats locaux. Ensuite ça monte carrément sec, surtout la dernière pente (c’est une mode dans cette partie du monde on dirait), entièrement réalisée sous un soleil implacable ! Mais en haut, on peut souffler en admirant le cratère du volcan, parsemé des mêmes nalcas et de petites lagunes. Et, chose étrange, un deuxième cône au centre du premier, qui augmente la taille de l’ensemble de 200m et qui fume toujours ! Trop de pression ces jours-ci sans doute…

Et puis voilà, vous saupoudrez tout ça d’un pique-nique à la jolie plage de sable noir de Santa Barbara, d’un chouia de stop, et vous vous rendez compte qu’à Chaiten, on a rien fait de bien intéressant !

Informations pratiques

  • Dodo : à Coyhaique, Hostal Austral, 10 000 pesos par personne en dortoir, sdb partagée. À Chaiten, Hostel Las Nalcas, même prix, cuisine familiale à disposition, possibilité de camper.
  • Manger : on ne s’arrête jamais de cuisiner ! À part bien sûr un petit completo-frites sur le front de mer de Chaiten (2000 pesos environ).
  • Sorties : pour vadrouiller sur le volcan et à la plage c’est gratuit ! Il faut juste trouver un transport : le bus vers Puerto Montt vous dépose au sentier du volcan pour 1000 pesos.

Églises, pluie et beau temps à Chiloé

Au bout de l’attente, on arrive enfin en ferry sur l’île de Chiloé, réputée pour ses églises colorées, inscrites à l’UNESCO et parfaitement mises en valeur par 300 jours de pluie annuels. Pourtant, ce sont un soleil radieux et un ciel d’azur qui nous y accueillent ! Et ils s’associeront même une deuxième journée de suite, une sorte de record sur l’île sans doute…

Depuis le port méridional de Quellon, on rejoint immédiatement Castro, la ville principale. Sous le soleil, on flâne gentiment, on va admirer les palafitos, ces petites maisons multicolores construites sur pilotis dans les bras de mer qui s’insinuent jusque dans la cité.

On va ensuite s’extasier devant l’église San Fransisco à la sublime façade jaune et violette (le fameux duo gagnant). On plaisante bien sûr, on n’a pas encore perdu toute notion d’esthétique ! Et heureusement parce que l’intérieur dépasse tout simplement l’entendement. Entièrement en bois, 50 nuances de beige, des hectolitres de lasure et dix-huit couches de vernis, ça envoie… du bois. Ça ne s’invente pas.

Mais avec tout ça, on en oublierait presque qu’aujourd’hui c’est le 14 février ! Ça vous dit rien ça ? Pour l’occasion, on met notre seul jean et on va célébrer de la seule manière qui soit réellement acceptable : en faisant bombance ! 🙂

Devant le déferlement inédit de météo favorable, on se prévoit une petite excursion dans le village de Dalcahue pour le lendemain. Le tout Chiloé s’y est donné rendez-vous sous le soleil on dirait, mais ça reste extrêmement agréable de se balader dans le centre ville/front de mer. Ceviche de saumon ou de jaiva (crabe), mousses d’ail et confiture de murta, les tentations sont nombreuses !

Toutes les échoppes vendent aussi des livres de contes et des objets à l’effigie des nombreux personnages mythologiques chilotes, tout droit sortis du fertile imaginaire insulaire. Et l’église alors ? Parlons-en ! Tout de bois derechef, elle se pare de bleu et de blanc dehors comme dedans, un autre bel exemple de cette architecture unique !

Dernier épisode de la courte série « Chiloé sous le soleil » : une soirée à la Fiesta Costumbrista de Castro. Quasi exclusivement composée de stands de bouffe, elle se targue aussi d’organiser une fête de la biodiversité qui ne parle ABSOLUMENT PAS de biodiversité. Bien joué les gars, mais va falloir ouvrir le dictionnaire pour l’année prochaine ! Enfin, nous autres bedaines sur pattounes en profitons tout de même pour goûter les dernières spécialités régionales : chicha de pomme (bof), empanada de pomme (pas mal), bière artisanale et milcao chuño (approuvé !)

Et ainsi s’achève l’aventure insulaire, parce qu’on préfère vous faire grâce des deux jours passés à rien faire sous la pluie d’Ancud, au nord de Chiloé… Heureusement qu’on avait deux petites mamies adorables pour s’occuper de nous 🙂

Informations pratiques

  • Dodo : à Castro on a logé pour une bouchée de pain dans un hostel-camping sans nom (au propre et au figuré !) de la rue Blanco Encalada. A Ancud, on recommande Hospedaje Las Lilas, 10 000 pesos par personne en chambre, petit déjeuner inclus, sdb partagée, cuisine, très bonne ambiance familiale.
  • Sorties : le petit musée de l’architecture chilote vous en apprendra moult sur les célèbres églises de l’île. Entrée gratuite, donation suggérée de 500 pesos par personne.

À la recherche du soleil : de Pucon à Talca

Une journée entière est nécessaire pour nous mener du nord de Chiloé à Pucon, Mecque des sports extrêmes dans la région des Lacs. Hélas, mille fois hélas, le mauvais temps ne nous lâche plus ! Bien loin de l’ascension du volcan Villarrica et d’autres activités excitantes prévues, on ne réussira à aller voir que les Ojos de Caburga. Trois trous d’eau bleue dans la forêt, des passerelles et des chemins surchargés de touristes locaux, c’est sans conteste une déception.

Ceci étant, au milieu de ce marasme météorologique, on a retrouvé les copains Elise et Tom, qui comme nous attendaient une éclaircie qui ne viendra jamais. Et tous les quatre nous mettons cap vers le nord ! Plus précisément sur la ville de Talca, où nous avons rendez-vous avec le soleil ! Et avec la lune, qui n’est pas là, mais le soleil l’attend… Bref, tous les quatre on a un super bon plan : aller randonner dans la Réserva de Los Altos de Lircay ! Bon en fait, il s’avère qu’à la suite des incendies on n’a plus le droit d’y camper. MAIS ON NE SE LAISSE PAS ABATTRE ! On se dégotte un petit camping des familles avec piscine juste au dehors du parc et on file !

La vedette de la réserve, c’est le sentier Enladrillado, qui mène à travers la forêt à un gigantesque plateau basaltique à quelque 2000m d’altitude. Là-haut, nichées entre les collines environnantes, se cachent des petites lagunes bleutées mignonnes comme tout.

Et quand on prend le temps de traverser les 2km de plateau de bout en bout, on arrive sur une plateforme qui fait face à une superbe chaîne de montagnes. Avec en point d’orgue, la magnifique volcan Descabezado, dont le sommet semble vraiment avoir été tranché net par une machette !

Seul le retour sera assez éprouvant, car en plus de l’heure et demie de descente, il restait plus 8km à parcourir en 2h pour attraper le dernier bus… que nous n’aurons évidemment pas. Laure manque d’y laisser ses deux genoux, mais heureusement un bus de la dernière chance circule encore à 20h30, ouf ! Au final, on marchera la bagatelle de 29km dans la journée, autant dire que les deux jours suivants sont consacrés à la convalescence !

Informations pratiques

  • Dodo : à Talca, l’Hostal Antuco (juste en face du terminal) a des chambres doubles à 15 000 pesos par personne et des quadruples à 10 000 (sdb privée, clim, kitchenette et petit déjeuner inclus !). Sinon à moindre tarif, l’Hostal Al Paso vous propose des chambres doubles, sdb partagée, sans cuisine, à 10 000 pesos par personne ! Sur le chemin de la Reserva, le camping Los Nogales vous offre un site pour 5000 pesos par personne ! Piscine, douches et toilettes, possibilité d’emprunter du matériel de cuisine.
  • Manger : un petit fast-food au bas de l’hostel Antuco vous offrira des formules avec completo à partir de 1400 pesos !
  • Sorties : pour rentrer dans la Reserva, ça coûte 2500 pesos. Un bus vous y emmène depuis Talca pour 1000 pesos.
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