Après la zone du café, on s’est envolés vers la zone du Choco, la côte pacifique colombienne, à la recherche de gros cétacés ! Sur les conseils de Manon et Quentin, nos compères de la Guajira, on s’est prévu 8 jours sur place, histoire de bien en profiter !

La région du Choco est un peu coupée du reste de la Colombie, accessible seulement par avion ou par bateau. Et sur la côte, ça ne grouille pas spécialement de monde : la métropole, c’est Bahia Solano, ses 10 000 habitants et son minuscule aéroport, surnommé « Sal si puedes » (Pars si tu peux). Pas en raison du magnétisme fulgurant de la bourgade, mais bien des pluies, fortes et fréquentes, qui empêchent régulièrement les avions de décoller ou d’atterrir. D’ailleurs, on en fait nous-mêmes les frais, notre avion aller étant reporté de 24h ! Pour le reste, le Choco, c’est la collision frontale entre la jungle inextricable et l’océan tumultueux, c’est la région la plus pluvieuse de Colombie, quasi exclusivement peuplée par les descendants d’esclaves africains arrivés dans les valises des conquistadors. Récit en deux chapitres de notre grosse semaine dans cet endroit oublié des touristes mainstream. #hipstersduvoyage #pourunefois

El Valle

Notre folle semaine débute de belle manière à 20 km de Bahia Solano dans le village d’El Valle. On élit domicile touuuut au bout de la plage, dans l’auberge Humpback Turtle, refuge de la majorité des backpackers qui ont osé venir jusque dans le Choco.

C’est là qu’on fait nombre de rencontres : entre Krysztof, doctorant polonais en sociologie, Martin, jeune étudiant danois, quatre étudiantes françaises et brésiliennes, Marion et Pierre-Marie avec qui on sympathise grandement, ou encore Charles, futur médecin qui reviendra à Bahia Solano avec nous, on n’a pas beaucoup le temps de s’ennuyer ! Surtout qu’on a pris soin de saupoudrer notre séjour avec des sorties sur mer et sur terre, histoire d’explorer les sauvages alentours.

On passera rapidement sur la randonnée sur la plage et dans la jungle au nord du village, effectuée avec le quatuor franco-brésilien quasi ENTIÈREMENT sous la pluie battante ! Certes, notre moral est un peu rehaussé par les noix de coco fraîches qu’on déguste et par une baignade dans une petite piscine saumâtre naturelle, mais il faudra des jours à nos vêtements, et à surtout nos chaussures, pour s’en remettre !

Autrement, deux sorties en mer mémorables : la première vers le sud, aux abords du parc national Ensenada de Utria, puis jusqu’au village de Jurubira, accompagnés de nos guides Elias et Jelber, ainsi que des quatre étudiantes de Bogota. Et elle commence en fanfare : à peine sortis du chenal, nos guides portent secours à trois jeunes de Jurubira qui venaient de s’abîmer sur les rochers, brisant leur barque et perdant tout leur chargement de noix de coco ! On se retrouve donc à repêcher le moteur à la corde et à l’amener avec ses propriétaires au réparateur du village !

Une fois réellement partis, on s’émerveille devant l’intense sauvagerie du paysage, de ces falaises abruptes, menaçant de s’écrouler dans l’océan sous le poids de la jungle qu’elles soutiennent. Et surtout, on se met à la recherche des baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) au niveau du parc ! On aperçoit deux individus (dos et queue), ce qui fait pousser des cris à toute l’assemblée !

Arrivés à Jurubira, une courte marche dans la jungle nous amène au Pozo del Amor, à l’eau fraîche et cristalline, puis aux sources d’eau chaude. Deux bains à 37 et 40° plus tard, on descend au village pour déguster ni plus ni moins que le meilleur plat de poisson du voyage !

La sortie du lendemain est encore meilleure : avec Marion et Pierre-Marie, toujours guidés par Elias et Jelber, on reste à hauteur d’El Valle, avant de voguer vers la cascade d’El Tigre, au nord. Un temps absolument sublime, une baleine qui nous montre sa queue, plusieurs troupeaux de dauphins (Tursiops sp.) qui suivent notre frêle esquif de si près qu’on aurait pu les toucher, une partie de pêche au thon, et l’exploration de plusieurs majestueuses cascades contribueront à faire de la journée un candidat sérieux au titre de « meilleure journée du voyage », rien que ça !

Et le soir en rentrant à l’hostel, un local de la station scientifique voisine arrive avec un seau plein de bébés tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea) d’à peine 2 jours, à relâcher le soir même ! Et puis quoi encore ? Quatre chatons adorables (Felis catus adorabilis) folâtrant entre nos jambes ! Trop de bonheur, c’est insoutenable…

Informations pratiques :

  • Dodo : Humpback Turtle, 35000 COP en dortoir
  • Manger : on sait pas, on a cuisiné ! Mais l’hostel sert des almuerzos à 15000 et des cenas à 12000.
  • Sorties : demander Elias à l’hostel, sinon un des autres guides qui y sont rattachés

Bahia Solano

On l’a dit, c’est la grande ville, et après notre séjour sur une plage isolée, ça fait bizarre ! Mais dans notre chambre double à la Posada del Mar, on retrouve un peu de confort. Et on y est pas seuls ! Avec notre toubib Charles et le quatuor de filles franco-brésilien, on forme un beau groupe pour les activités à faire dans le coin. Et il faut en trouver car en l’absence de compresseur, nos beaux projets de plongée s’envolent comme neige au soleil !

On se rabat donc le premier jour sur une sortie vers Playa Mecana, au nord de la baie. On commence par remonter un petit fleuve jusqu’à un réseau de mangroves, puis on continue à pied vers une piscine naturelle située dans un méandre de rivière. L’eau est fraîche mais le soleil brille, on est contents !

Deuxième étape, remonter la plage vers le nord pour arriver au Jardin Botanico del Pacifico, un bel établissement aux murs tout tapissés de posters et de cartes de la région ! Après quelques hésitations, on signe finalement pour une randonnée dans l’épaisse jungle avec un guide. Bottes aux pieds, on se lance dans l’immensité verte, à travers la forêt tropicale et la mangrove. Pardonnez-nous, mais après quelques balades, on est moins impressionnés. Sauf par deux ceibas monumentaux, aux racines en contrefort aussi hautes qu’un homme, et aux troncs parsemés de mousses, fougères et autres Broméliacées !

Le lendemain, les filles étant parties, on part avec Charles et Kate, professeur d’anglais qui a vécu au Timor oriental (il faut le souligner car c’est incroyable !) à bord de la lancha de notre propriétaire Rodrigo, à la chasse aux baleines ! Le temps est toujours au bof fixe, la baie croulant sous les nuages gris et la bruine. Mais Rodrigo illumine la mer de son savoir-faire : en trois heures au large, il débusque pas moins de deux groupes de cétacés, et on a loisir d’observer tout guillerets plus d’une dizaine de baleines.

Une fois encore hélas, elles ne nous montrent que leurs dos et leurs queues, mais on aperçoit tout de même plusieurs bébés aux côtés de leurs mères ! Pas de dauphins cette fois, mais au large de petits îlots de pierre, on peut également voir de grandes colonies de fous à ventre blanc. Le retour s’effectue par Playa Huina, au sud de la baie, une agréable station balnéaire où nous arrivons à attraper un chouia de soleil et un jus de fruits. 🙂

Une fois tous nos amis repartis, nous n’avons d’autre choix que de nous relaxer, d’aller manger d’excellents poissons en ville et d’attendre l’avion qui nous ramènera à Medellin… Peut-être pour revenir un jour, en août, pour voir sauter les baleines ?

Informations pratiques :

  • Dodo : Posada del Mar, 30 000 COP/personne en chambre individuelle, sdb commune
  • Manger : Casa Negra, excellents almuerzos et cenas à 15000 COP
  • Sorties : s’adresser à Rodrigo, le propriétaire de la Posada, il peut tout arranger !
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